Le Phénix perse
L'idée de l'oiseau se confond avec celle de la légèreté, de l'essence
des choses et des êtres. Les oiseaux dont il est question incarnent la
pensée opposée à la matière, l'intériorité de l'homme, son « moi
profond, son esprit ». Un conte perse du XIIIe siècle écrit par Attar Neyshaboury, La conférence des oiseaux,
comprend 4 647 vers. C'est une épopée mystique où 30 oiseaux sont à la
recherche de leur Roi. Le récit commence par un discours de bienvenue
qui constitue une fonction rituelle et magique associant la « Huppe »,
un oiseau, (* *) porteur d'une couronne, et les autres oiseaux, qui
représentent une humanité en quête de connaissance. Aussitôt, la foule
des oiseaux inquiets se rassemblent et providentiellement la Huppe se
présente comme messagère. Elle exhorte les oiseaux à partir pour un
voyage difficile qui les conduira à la cour de leur Roi, un oiseau
fabuleux, le Simorg (ou Simurgh).
Tous les oiseaux comprennent l'intérêt fondamental de cette entreprise.
Cependant presque aussitôt plus de dix mille d'entre eux s'excusent :
ils sont, pour des raisons diverses, contents de leur sort ici-bas. La
Huppe admoneste tout le monde, tranquillise les uns, encourage les
autres et commence l'enseignement qui permettra d'entreprendre le
voyage. Ils doivent s'engager dans les sept vallées qui marqueront les
degrés initiatiques de leur ascension spirituelle. Ces vallées magiques
et mystiques sont les vallées de la recherche, de l'amour, de la
connaissance, de l'indépendance, de l'union, de la stupeur et du
dénouement. C'est après avoir franchi ces vallées, en un long voyage
dont la durée comprend souvent une ou plusieurs vies pleines d'embûches,
voyage où la grande majorité des oiseaux périront, que les rescapés se
voient refuser - ultime épreuve - l'accès tant espéré au palais de leur
Roi : le Simorg...